«Il y a une réelle discrimination dans le monde de l'emploi»

Questions à Mohamed Al Khadiri, Président de l'Amicale marocaine des Handicapés.

Qu'est-ce qui ressort de la récente étude que vous avez réalisée au Maroc ?

D'abord, cette étude a permis de s'arrêter sur l'état des lieux concernant les conditions des services fournis aux personnes handicapées au Maroc. Elle a pu nous montrer les points forts et les points faibles et elle s'est conclue par des recommandations. La conclusion est que la majorité des services fournis aux personnes handicapées par les associations reste en deçà des besoins. Des associations qui, faut-il le rappeler, se débrouillent toutes seules et reçoivent très peu de soutien de la part de l'Etat, lequel soutien reste insuffisant. Les associations elles-mêmes ne font pas un travail complet et, d'ailleurs, très peu d'entre elles arrivent à répondre aux besoins de manière complémentaire et professionnelle. Nous avons également des associations qui font dans l'amateurisme, d'autres qui font carrément du mauvais travail, il faut le reconnaître, cela peut être néfaste pour les personnes handicapées.

Qu'en est-il des recommandations alors ?

Par rapport aux recommandations, il faudra tout d'abord instaurer un cadre juridique qui réglemente ce domaine, afin de permettre aux associations de travailler dans un cadre légal, qu'il y ait une stratégie claire et que les associations ne travaillent pas chacune dans son coin, mais plutôt qu'elles se rejoignent dans le courant d'un programme national déterminé, connu et chiffré. Il faut aussi que les associations disposent des ressources nécessaires pour mener à bien leurs actions, qu'elles puissent se professionnaliser, etc.
Aussi, les interventions des différents participants nous mettent aujourd'hui devant une urgence et mettent l'Etat face à ses responsabilités, surtout que le Maroc a ratifié la convention pour les droits des personnes handicapées, d'où l'obligation première d'assurer un standard minimum pour que la personne handicapée ait la possibilité d'être incluse dans la société. Parallèlement, les associations qui assurent actuellement, à elles seules, les prestations en totalité doivent être soutenues, accompagnées, contrôlées et évaluées. Donc, tout ceci doit se faire dans un cadre légal pour éviter l'approche arbitraire qui prévaut actuellement.

Peut-on parler de discrimination dans le monde de l'emploi ?

Certes, il y a une discrimination, mais je ne dirai pas qu'elle est systématique dans le sens où une personne handicapée fait l'effort et arrive à s'intégrer. Mais elle ne trouve pas l'accompagnement nécessaire pour accéder au domaine du travail. C'est dire qu'il y a une réelle discrimination qui est exercée sur les personnes, fondée principalement sur leur handicap, et non sur un manque de connaissances ou de formation. Même avec une licence ou un doctorat en poche, la personne handicapée est écartée pour son handicap, car soit l'on estime qu'elle présente une image négative de l'entreprise, soit l'on pense qu'elle va entraver la bonne marche du travail ou encore qu'elle ne pourrait pas remplir sa mission. En d'autres termes, on lui nie une égalité des chances.

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