Handicap Mental: Droit des handicapés à la scolarisation

La scolarisation des enfants à besoins spécifiques. Une idée qui semble si naturelle et compliquée à la fois. Naturelle car tout enfant devrait avoir accès à l'école. Compliquée parce que les spécificités et les besoins des enfants sont multiples et qu'il faut adapter la scolarisation à chaque cas. Cette question se pose avec acuité au sein de l'Association des parents et amis des enfants inadaptés (APAEI). Cet organisme accueille cette année 400 enfants. 

Selon le président de l'APAEI, Ali Redouane, seuls 200 inscrits sont pris, en partie, en charge par le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité à hauteur de 900 DH/mois. Or, le coût réel de chaque scolarisation d'un enfant inadapté mentalement est de 2.500 DH/mois. «Nous sommes obligés de combler ce déficit parce que personne ne nous pardonne rien. Nous sommes soumis à la loi 14/05 sur la qualité des services que nous assurons», explique le responsable de l'association.

En effet, les parents voudraient offrir les meilleures prestations à leurs enfants et croient en leur droit à la scolarisation et surtout à une chance de vivre équitablement. «Un enfant inadapté souffre déjà à cause de sa maladie, il doit au moins avoir la chance d'apprendre et de s'amuser», affirme la mère d'un membre de l'association. Et d'ajouter que ces enfants ne peuvent pas s'adapter à l'école, donc ils doivent avoir des infrastructures qui s'adaptent à leurs besoins. A ce propos, l'APAEI réclame plus de moyens.

Depuis plusieurs années, elle tient des réunions et présente «des rapports détaillés au ministère de tutelle pour qu'au moins sa dotation atteigne les 1.400 DH/enfant».
Néanmoins, rien n'est encore fait. Rappelons que la majorité des membres de l'APAEI sont issus de milieux défavorisés. En dépit de cela, ils ne bénéficient pas de l'opération «Un million de cartables». La deuxième nouveauté a été le nombre de nouvelles demandes d'inscription formulées.

Autre rouage, et non le moins important, est la formation des éducateurs. Malgré le manque de moyens, l'association s'est vue cette année obligée de renforcer le staff éducatif en cadres dirigeants au niveau de l'administration centrale, et ce, en prévision de l'ouverture de l'institut pluridisciplinaire en cours de réalisation.
Des stages de formation ont été également organisés au profit des éducateurs.
L'objectif est d'approfondir et actualiser leurs connaissances en matière de prise en charge des enfants inadaptés mentaux. «Nous voulons doter tous nos centres à travers Casablanca d'éducateurs spécialisés. Une kinésithérapeute a rejoint l'association. 10 éducateurs sont en formation continue», précise Ali Redouane.

Dans le même cadre, l'APAEI a signé une convention de partenariat avec l'université Hassan II (Faculté de Mohammedia) pour assurer une assise universitaire et scientifique digne d'un éducateur.
Si en théorie la machine administrative chargée de la scolarisation des enfants handicapés semble bien huilée, sur le terrain des cafouillages mécaniques existent.

Les enfants ne peuvent parfois intégrer une école faute de place ou de matériel adéquat. A titre d'exemple, durant la rentrée scolaire 2010-2011 l'APAEI a reçu plus de 1.000 demandes d'inscription mais faute de moyens elle n'était pas en mesure de les accepter toutes. Malgré l'adoption de plusieurs lois, l'évolution de la situation des personnes à besoins spécifiques, d'une manière générale, reste en dessous des attentes.

En effet, le Maroc s'est engagé depuis les années 80 dans un processus d'adoption des textes législatifs spécifiques en faveur des personnes en situation de handicap.
Les premiers textes visaient essentiellement leur intégration sociale par la garantie de leur droit à l'éducation, la formation, l'emploi et les accessibilités. Un long parcours est encore à mener.


Pour une scolarité adaptéeL'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées renforce les actions en faveur de la scolarisation des élèves handicapés. Elle affirme le droit pour chacun à la scolarisation et à un parcours scolaire adapté. De fait, l'analyse des besoins de l'élève handicapé est déterminante pour amorcer dans les meilleures conditions sa scolarité. L'école, la famille, l'enseignant doivent ainsi agir en partenariat. L'intégration des enfants handicapés doit tenir compte de la diversité de leur soucis de la vie et des besoins particuliers de tous et de chacun. Pour prouver leur capacité d'adaptation, ces petits font preuve de beaucoup de créativité et de talents.



Par Nadia Ouiddar | LE MATIN

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